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Récit de Voyage - Take Us Anywhere

La mésaventure de la perte de ma caméra à une semaine de notre retour au Québec modifie notre parcours. Maintenant à Reykjavik, il ne reste qu’une semaine avant de reprendre l’avion. Nous analysons les différentes possibilités puis nous sélectionnons la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest du pays afin de ne pas trop s’éloigner de l’aéroport. Étant « sur le pouce », on ne sait jamais ce qui peut arriver !


Sortir de Reykjavik est un peu complexe avec cette technique. Malgré notre affiche

« Take Us Anywhere » suivie un peu plus loin de « We Have Cookies », beaucoup d’automobilistes nous sourient sans toutefois prendre le temps de nous embarquer. Au bout d’une trentaine de minutes, une femme islandaise nous embarque. Dans son mini van, nous lui racontons notre périple qu’elle prend plaisir à écouter.


D’un ton de voix inspiré, elle nous dit alors : « Vous les gars, vous n’êtes pas des touristes. Vous êtes des voyageurs ». Nous acquiesçons avec humilité ses paroles. Elle sort un bout de papier et nous dessine un plan, puis poursuit. « Voici la route que vous allez suivre. À cet endroit vous verrez une petite église. Rendez-vous là. C’est le seul camping gratuit du pays. Dites à la dame que c’est moi qui vous envoie. Elle semble froide d’approche au départ, mais apprenez à la connaître ». Nous quittons la voiture avec ces indications.


Nous faisons en sorte de suivre le plan de la dame, curieux. Les champs de lave s’étendent à perte de vue. Dans ce décors volcanique et désertique, Christophe commence à douter de la présence de cette église. Les kilomètres défilent. Soudainement, au milieu de nulle part, nous voyons apparaître le toit rouge de la petite chapelle blanche. Nous signifions notre intérêt à notre nouveau conducteur de débarquer à cet endroit.


Le village est situé à trois ou quatre cents mètres de la route, tout juste en bordure de l'océan. En plus de cette église, on y compte que quatre ou cinq petites maisons, un phare et une cantine. Nous apprendrons plus tard que le village ne compte que 12 habitants. Nous rencontrons une dame, Gudrun, qui se tenait derrière le comptoir d’une petite cantine jaune. Nous commandons un fameux hot-dog islandais avant de se présenter. La dame du mini van avait raison. Plutôt froide au départ, un grand sourire se dessine toutefois sur son visage lorsque nous lui expliquons qui nous envoyait ici.


Assis dans une petite pièce faisant office de marché communautaire, Christophe et moi prenons la décision de lui proposer de faire quelque chose en guise d’échange. En plus d’une nuit gratuite, notre escapade en Islande nous avait été jusque-là magique. C’était l’occasion pour nous de redonner à ce pays, à ces gens. Surprise et réticente envers notre demande, elle finit par accepter en voyant notre insistance.


Après une nuit sous la tente, notre mandat du jour est de tondre le gazon sur l’immense terrain. À tour de rôle, Christophe et moi s’échangeons la petite tondeuse. Nous commençons déjà à s’attacher à cet endroit, où la quiétude semble figer le temps. À la fin de la journée, nous lui signifions notre intérêt de rester une journée de plus pour aider à faire des travaux sur le terrain. Gudmundur, son mari, nous donne rendez-vous le lendemain matin 9h.


Ce rendez-vous, nous l’avons eu les six jours qui ont suivis, jusqu’à notre départ. Au cours de ce séjour, nous avons découvert une femme au cœur en or, d’une générosité inégale qui nous a ouvert sa maison. Les nuits dans la tente ont fait place à la chambre d’ami de la maison et deux nouvelles chaises entouraient la table à manger lors des souper en famille. Nous avons travaillé avec un homme travaillant, débrouillard, qui vit simplement au rythme du soleil. Avec lui, nous avons construit des murs de pierres et de ciment, nous avons jardinés et aménagés un espace commun avec de grands bancs de bois ainsi qu’un espace pour y faire des feux. Nous avons également découvert famille d’exception, composé de 23 enfants. Ils sont en effet une famille d’accueil pour enfants en difficultés et ce sont toujours fait la promesse qu’ils allaient être la dernière famille de ces jeunes jusqu’à ce qu’ils atteignent la majorité. Promesse qu’ils ont toujours tenus.


À notre seconde journée, Christophe a questionné Gudmundur à savoir pourquoi ils offraient gratuitement leur terrain pour les campeurs. Suite à un moment de silence, l’homme, d’une voix sage, s’en est tenu à ces seuls mots. « The best things in life are free. »


Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Gudmundur avait raison. Durant ce séjour d’une semaine chez cette famille, jamais le sujet d’argent ne fût évoqué. Il ne s’agissait que de simples échanges de services, généreux et toujours fait de bon cœur. Il en résulte que cette expérience demeure encore aujourd’hui un merveilleux souvenir impérissable.


À la veille de notre départ, nous partageons comme dernier repas autour de la table un souper traditionnel de Noël qui se consiste de mouton fumé. Christophe et moi échangeons dans le silence un regard heureux, émue et reconnaissant de tout ce que nous venions de vivre. Au lendemain, Gudmundur nous conduit dans sa vieille SAAB 1980 à l’aéroport, où nous échangeons d’heureux adieux.


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